Mot du Président

DISCOURS D’OUVERTURE

Théâtre de Béziers le 20 JANVIER 2024

Mesdames,

Messieurs,

Chers confrères,

L’année 2023 a été pour la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers, une année exceptionnelle.

Elle devait l’être ; car elle ne pouvait passer sous silence le 300ème anniversaire de la fondation de l’Académie de Béziers qui lui a donné naissance. En effet, les manifestations de ce Tricentenaire ont été l’occasion de rappeler que notre Compagnie, fondée en 1834, par Jacques Azaïs, Gabriel Azaïs et André Boudard, puisait ses racines dans l’Académie de Béziers, elle-même fondée en 1723, par Jean-Jacques Dortous de Mairan, Jean Bouillet et Antoine Portalon, avant de devenir Académie royale des sciences et belles lettres par Lettres patentes du Roi, en 1766.

Le succès remporté par ces manifestations nous permet de remercier ici les institutions qui ont concouru à cette réussite, en premier lieu le Théâtre de Béziers qui nous accueille aujourd’hui et surtout la Municipalité de Béziers – et je salue ici M. les élus qui nous font l’honneur de leur présence – ; Municipalité qui a su tirer profit des travaux présentés pour mettre en œuvre un projet de restauration ambitieux autour de la cathédrale, inspiré des recherches historiques que nous avons produites. Nous aurons l’occasion de revenir sur ces réalisations en cours d’année.

Cet anniversaire a aussi été l’occasion pour nous de rendre hommage à deux de nos présidents, Jacques Azaïs, notre fondateur, qui fut le premier à publier une liste des académiciens de Béziers et Jean-Denis Bergasse qui conservait pieusement les archives de l’Académie. C’est grâce à leurs travaux que nous avons pu réaliser ces manifestations du Tricentenaire.

L’année 2023 a également été une année faste pour notre compagnie qui a touché un plus large public et conquis de nouveaux adhérents, par des publications plus nombreuses, par des conférences originales et par nos autres activités, en direction des scolaires et du grand public.

Ce qui nous a conduit à mettre en place nos conférences dans d’autres salles que les salons de l’Hôtel Bergé, devenus trop petit pour cet exercice. Mais l’Hôtel Bergé, siège de notre Compagnie, n’a pas pour autant fini de nous occuper puisqu’il nous permet de mettre en pratique notre action de valorisation du patrimoine. Aussi, fait-il désormais l’objet de visites régulières, destinées à faire partager au grand public le faste de cette riche demeure biterroise de la Belle époque.

Cette année a aussi été propice pour nos collections qui n’ont cessé de s’enrichir de pièces nouvelles, confiées par des institutions ou bien par de nombreux particuliers qui nous ont légués leurs découvertes – je salue ici la donation de notre confrère M. Robert, mais je pense aussi au précieux fonds des Clarisses qui nous a été confié.

2023 enfin, a été l’année d’une nouvelle présidence. Le hasard des chiffres fait que pour 2023, c’est la 23eme présidence depuis notre fondation en 1834, avec une nouvelle équipe que j’ai le grand honneur de présider. L’occasion de rendre hommage au précédent Conseil d’administration et tout particulièrement à mon prédécesseur Mgr Jean-Louis Bruguès qui a aimablement accepté de nous accompagner dans cette aventure.

Car il s’agit bien d’une aventure. La route ouverte par nos prédécesseurs est sinueuse. Nos fondateurs du XIXème siècle auraient bien du mal à se reconnaître dans notre monde contemporain où le domaine de la culture dans lequel nous évoluons (le mot était peu utilisé alors), est assez éloigné des travaux savants qu’ils ont mis en œuvre. Depuis l’archéologie, qui fut leur premier chantier, rejoint dans le temps par les sciences et les lettres, le chemin parcouru par la Société archéologique depuis 190 ans est considérable, et son empreinte dans la vie de la Cité est omniprésente. L’érection de la statue de Paul Riquet par David d’Angers sur une des plus belles places de France en est le témoignage le plus visible.

Car oui, nous sommes bien une société savante, le mot n’est pas péjoratif en ce XXIe siècle. Notre objectif est bien de fouiller et de creuser dans le passé pour découvrir tout ce qui a fait l’histoire de notre cité. Rappelons que nos prédécesseurs sont à l’origine de la création des Musées de Béziers ; ce qui fut longtemps leur combat, pour leur permettre de faire découvrir et partager les trésors archéologiques et artistiques qu’ils avaient recueillis.

Depuis nos origines notre ambition est la même : connaître et faire connaître. Avec le temps les moyens ont changé, tout comme le public vers lequel nous sommes plus ouverts, sans pour autant perdre notre âme. Aujourd’hui nous continuons à fouiller le passé et à enrichir ces connaissances, comme en témoignent notre riche bibliothèque et nos archives, d’où naissent nos publications et nos conférences.

Nos prédécesseurs étaient bien des savants, des poètes et des fous de patrimoine. A travers les siècles rien n’a changé. Leur ambition est la nôtre. La flamme qu’ils ont allumée ne s’est pas éteinte. Elle nous est parvenue intacte, à travers les générations. C’est celle qui a vu le Dr Bouillet au péril de sa vie faire des relevés astronomiques au sommet du clocher de Saint Nazaire – du temps de l’Académie – ou encore celle-là même qui animait Gabriel Azaïs lorsqu’il consacra ses veilles à la publication des 36 000 vers du Bréviaire d’Amour de Matfre Ermengaud, depuis réédité par Henri Barthes, avec la même ardeur.

C’est ce qui faisait dire le 10 mai 1923, jour de l’ascension, au Président Vinas, mon prédécesseur, lors de la séance solennelle de la Société, reçue à l’Hôtel Ville, dans la salle du Conseil Municipal :

« …C’est parce qu’il s’est rencontré dans Béziers, il y a près de cent ans, des hommes qui chérissaient d’un amour particulier le pays biterrois que la Société archéologique s’est fondée en 1834… Cet attachement au pays natal, à son histoire, à sa langue, à ses coutumes, qui guidaient nos devanciers a été aussi notre inspirateur… ».

Il ne tient qu’à nous de suivre leur exemple, de témoigner de notre attachement au patrimoine et de faire partager cette curiosité qui nous anime. Notre détermination est intacte. Et c’est avec une certaine émotion que je porte aujourd’hui ce flambeau, dans le siège occupé par Jean-Denis Bergasse qui m’accueillait au sein de notre Compagnie il y a plus de 30 ans.

Je ne doute pas que cette détermination soit partagée par la nouvelle équipe qui m’accompagne. Elle s’engage ainsi à perpétuer avec l’image de notre cité, la connaissance de notre riche culture et la réputation de notre Compagnie reconnue bien au-delà de nos frontières, comme le soulignait récemment à l’occasion de ses vœux Monsieur Amin Maalouf, secrétaire perpétuel de l’Académie Française, reconnaissant que notre :

« institution occupait par son ancienneté, la diversité de ses missions et le prestige qui lui est attaché, une place de premier rang parmi les instances académiques que compte notre pays ».

Il ne tient qu’à nous de défendre ces valeurs pour rester digne de nos prédécesseurs et de leurs réalisations. C’est une tâche à laquelle nous allons nous employer. Vous en aurez un aperçu avec le dernier bulletin, récemment paru, qui donne un éventail de nos travaux, mais aussi avec notre programme de conférences annuels qui nous entrainera cette année à travers la paléontologie, l’archéologie, l’épigraphie, la philologie, des époques les plus anciennes jusqu’à nos jours.

Aujourd’hui, pour la première séance de l’année, nous accueillons Monsieur Jean Guilaine, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, professeur émérite au Collège de France et à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. Jean Guilaine est un archéologue, spécialiste de la Préhistoire récente et de la Protohistoire. Il va nous entretenir de ce sujet qui lui est familier dans une communication ayant pour titre : Femmes d’hier. Images, mythes et réalités du féminin néolithique.

Nous lui laissons la parole…

Gilles BANCAREL

Président

de la

Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers